Après San Pedro sur le bord du Lac Atitlan, où j’ai fait mes cours d’espagnol, ma prochaine destination était Semuc Champey, un endroit où l’on peut aller voir de magnifiques chutes sur plusieurs niveaux au milieu d’une forêt tropicale.
Le voyage s’annonçait long. Plus de 8 heures d’autobus. Et mon départ était pour 8:00 du matin à partir de la ville de Panajachel à l’opposé de San Pedro sur le Lac Atitlan.
Donc, je me suis levé très tôt et, après un dernier déjeuner avec ma famille d’accueil guatémaltèque, j’ai pris le bateau pour traverser le lac.
À 7:45, j’étais à l’endroit du rendez-vous, en face du Centro de Salud (Centre de Santé) de la ville. La ville de Panajachel se réveillait tranquillement et plusieurs personnes marchaient dans les deux sens pour parer à leurs occupations de la journée.
L’ambiance était paisible, à part une chose… il y avait deux chiens errants à quelques mètres de moi qui jappaient et essayaient de mordre toutes les voitures et les motos qui passaient.
À 8:15, mon transport n’était toujours pas arrivé. Je me suis dis: c’est surement normal pour le Guatemala.
Puis, un jeune homme commence à me parler:
– Where are you from?
– Canada
– Where are you going
– Semuc Champey
– Where was your meeting place?
– Centro de Salud
– Did you know there are two Centro de Salud? A private AND a public one? This the public one…
– Really?
– Yes… Mmm, Hey, if you want I can sell you weed, mushroom, etc….
– ?!…No, Gracias
À 8:30 mon transport n’est toujours pas arrivé. Les chiens jappent toujours après les voitures. Le gars essaie toujours de m’aider tout en essayant de me vendre du weed.
J’allais appeler mon hostel à Semuc Champey, quand une jolie jeune fille s’approche de moi avec un air surpris.
– Are you going to Lanquin? (Ville proche de Semuc Champey)
– Yes…
– Ok, wait here…
Elle appelle, parle rapidement au téléphone puis raccroche. Elle fait un deuxième appel et raccroche de nouveau.
Puis, elle se retourne vers le gars qui essayait de me vendre du weed et lui parle de ma situation comme si on c’était mon ami. Elle lui dit: l’autobus est parti et le chauffeur m’a oublié, mais il s’est maintenu arrêté à 20 minutes d’ici à un point de vue surplombant le lac. Une moto va venir me chercher pour m’y amener.
Quelques minutes plus tard, une moto passe me chercher. Il met mon plus petit sac à ses pieds et moi j’embarque derrière lui avec mon gros sac à dos sur le dos. Puis on commence notre longue ascension vers le point de vue où attend l’autobus.
La moto force beaucoup étant donné tout le poids que j’ai sur le dos. Mais en même temps je peux observer la magnifique vue sur le lac une dernière fois, dont une vue incroyable sur deux majestueux volcans côte à côte sur l’opposée du lac.
La route interminable
Enfin, je rejoins l’autobus rempli de voyageurs qui ont dû m’attendre pendant au moins une demi-heure. On était finalement prêt à partir pour le voyage de 8 heures d’autobus.
La route semblait bien se faire quand 1 heure plus tard, l’autobus doit s’arrêter. Il y a une file de voitures qui n’avance pas. Le temps passe et rien ne bouge. On apprend qu’un camion bloque la route dans les deux sens un peu plus loin. On en profite alors pour débarquer et acheter des choses à manger. Je bois même une bière avec une Américaine dans un petit resto.
On aperçoit finalement deux grosses remorqueuses à camion passer et 30 minutes plus tard le trafic recommence à rouler.
Notre peine n’était pas terminée par contre. La ville suivante, Chichiquastnango, est connue pour avoir le plus gros marché d’Amérique centrale. Et le trafic du samedi dans ses petites rues étroites et poussiéreuses est terrible. On perd donc encore une autre heure ou deux à traverser cette ville.
Après Chichicastenango, alors commence la vraie route à travers le Guatemala. La route d’asphalte tourne alors à une route de terre et devient de plus en plus escarpée. Je comprends alors pourquoi dans mon Lonely Planet la route est en pointillé.
De plus, l’autobus est à embrayage manuel. On ressent et on entend le bruit de l’embrayage à chaque fois que le chauffeur change de vitesse. Et il doit le faire souvent: pour monter une côte, descendre une côte, faire un virage et puis un autre. De plus à chaque village, il y a des bosses de vitesse. Donc, l’autobus doit continuellement ralentir pratiquement jusqu’à l’arrêt puis repartir tranquillement et embrayer pour reprendre de la vitesse jusqu’à la prochaine bosse, souvent seulement quelques dizaines de mètres plus loin.
Deux ou trois heures plus tard, on atteint finalement la grande ville de Coban. On a l’impression de faire un retour à la civilisation “moderne” avec des routes en asphalte et même un McDonald, où l’on s’arrête pour une pause bien méritée. Toutefois, en regardant Google Maps, je réalise qu’il nous reste encore 2 heures et demie de route pour atteindre Lanquin. Cela fait déjà près de 10 heures que nous roulons. Et il nous reste l’équivalent d’un voyage Québec-Montréal!? Je suis un peu découragé.
Après la pause, nous reprenons le dernier bout. Cette fois-ci dans la noirceur. La route redevient rapidement aussi terrible qu’auparavant, mais le fait qu’on ne voit plus rien à l’extérieur ajoute au supplice. Et pour moi le bruit incessant du changement de vitesse de l’autobus devient de plus en plus insupportable.
L’arrivée
C’est vers 20:30 que l’on arrive finalement à Lanquin, très soulagé. Le seul hic c’est que pour moi et deux autres filles nous avons un autre 45 minutes à parcourir pour atteindre notre hôtel sur le bord de la rivière.
Donc, c’est plutôt vers 21:30 que nous atteignons finalement notre hostel. Près de 15 heures après mon départ de San Pedro le matin même!! Après le check-in, chacun est allé directement se coucher. Étant fatigué, et avec le bruit de la rivière et de la forêt tropicale comme bruit de fond, cela ne m’a pas pris de temps avant que je m’endorme.
Je trouve important de parler de ces expériences plus pénibles comme celle-ci, car c’est cela aussi la réalité de voyager à l’étranger. La preuve: alors que j’écris ces lignes sur mon téléphone, mon autobus est à nouveau pris dans le trafic, cette fois-ci causé par une manifestation de travailleurs d’une compagnie pharmaceutique en grève ou en lockout.
Le point positif est que ce voyage en autobus, même s’il a été terrible, a aidé à souder les liens entre les voyageurs. Entre autres, je me suis lié d’amitié avec les deux filles (américaines et allemandes) avec qui je me suis rendu à Utopia Eco Lodge et le lendemain nous avons exploré le magnifique endroit de Samuk Champey ensemble.